L’étude des Perceptions Extrasensorielles (PES) a mis en évidence la difficulté à déterminer la temporalité des perceptions car les sujets confondent causalité et temporalité, plaçant dans une succession temporelle, des événements qui ne sont liés que par la causalité.

Ainsi, il est ainsi difficile de distinguer les perceptions du présent, du passé ou du futur.

Dr Eugène Osty

Le Dr Eugène Osty, qui a particulièrement bien étudié la précognition, rapporte une expérience menée avec une excellente précognitive, Mme M… :

« Dans les premiers mois de 1911, je priais une dame habitant la province d’envoyer à Mme M…, qu’elle ne connaissait pas, un banal objet m’appartenant et de lui demander, à partir du jour de réception de sa lettre, de bien vouloir envoyer tous les vingt jours environ, une lettre indiquant, pour les vingt jours suivants, la succession des faits les plus saillants devant survenir dans l’existence du possesseur et cela jusqu’à ce qu’il lui soit dit de cesser.

Vint bientôt la première lettre de Mme M… qui énumérait, dans leur succession, les mêmes prémonitions caractéristiques et imprévues qui m’avaient été faites par d’autres sujets et par elle-même, chez elle, deux mois auparavant.

Quand les vingt jours furent écoulés, quelques uns des évènements annoncés s’étaient réalisés, mais la plupart ne l’avaient pas été. La dame reçut une seconde lettre de Mme M… qui annonçait toujours comme imminents ceux des présages qui n’avaient pas été accomplis et ne signalait plus aucun de ceux réalisés.

Vingt autres jours s’écoulèrent encore, pendant lesquels d’autres prédictions s’accomplirent cependant que la plupart n’étaient toujours que des possibilités. Et la troisième lettre de Mme M… arriva qui reporta encore dans l’avenir les faits non produits et ne dit rien de ceux qui l’avaient été…

Et cela se répéta pendant six périodes consécutives de vingt jours. De sorte que dans sa dernière lettre, la plupart des faits signalés dans la première étaient toujours annoncés comme prochains, bien qu’à se reporter aux dates approximatives, tout d’abord avancées, elle eut dû les croire accomplis.

Et il n’était plus question d’aucun de ceux qui, dans tout le cours de cette expérience prolongée, avaient quitté l’avenir pour le passé.

Depuis le premier jour où débuta l’expérience jusqu’au dernier, il n’y eut aucun échange de correspondance entre la dame qui m’avait servi de masque et le sujet. »  (1)

Le Dr Osty précise le rapport au temps de Mme M… :

« A première vue, il peut sembler que Mme M… ne fasse pas de distinction entre les moments du temps, car, qu’il soit question de faits passés ou futurs, elle parle comme s’ils étaient actuels … « Je vois… », dit-elle toujours.

C’est que, à quelque époque que ces faits aient paru ou paraitront dans la vie du consultant, Mme M… les perçoit comme s’ils s’accomplissaient sous ses yeux ; elle décrit ou interprète ses hallucinations, ses sensations du moment, qui reconstituent ou traduisent, par anticipation, les faits dont elle acquiert ainsi la connaissance intuitive.

Expliquant une vision qu’elle croit devant ses yeux, elle s’exprime donc toujours au présent.

Mais qu’on lui demande alors de situer dans le temps le fait dont elle parle, immédiatement et sans aucune hésitation, elle le mettra dans le mode qui lui convient. De même que si on lui enjoint, sans plus spécifier, de parler sur notre passé ou notre avenir, jamais elle ne placera dans le passé un fait d’avenir, et réciproquement.

Le Dr Osty précise :

« Comme tous les sujets à prémonitions, elle fait de grosses erreurs de dates, mais jamais elle ne confond avenir et passé. »

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Charles Tart

Charles Tart, un psychologue californien, rapporte dans son livre « Le psychologue, la science et l’extraordinaire », une de ces erreurs, pourtant commise par un des meilleurs sujets psi, Pat Price.

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(1) Dr Eugène Osty « Lucidité et intuition, étude expérimentale »    Librairie Félix Alcan (1913) (pages 48 et 49)